Je n'ai même pas pris de photoIl n'y aura pas de
Je n'ai même pas pris de photo
Il n'y aura pas de souvenir
Mes traces vont s'effacer et mon cerveau
A déjà oublié.
Je vais finir mon travail de sape. Saper ma vie, cet endroit où je me suis construit va disparaitre par ma faute et je ne ressentais rien, rien, jusqu'à ce qu'elle rentre dans la pièce et que j'explique, voilà que ça pique, il était beau mon squatt d'adolescent, sur le parquet fumé, les tapisseries déchirées, les armoires cassées, les branches tapant à la fenêtre et tous mes objets, mes livres et mes papiers logeant les araignées.
Dans le poste le chanteur lâche ses flèches et enfonce dans mon cerveau des pieux d'argile qui m'immobilisent et nous sommes prisonniers de l'inutile, dit-il. Il y avait un grand rideau qui permettait d'entrer et des bureaux, un vieux lit ou des couvertures de toutes couleurs se laissaient aller au sol, des tapis poussiéreux où je posais mes grolles et d'innombrables sacs, des livres et des cartons. Des insectes qui claquaient de saison en saison. Des bougies et des clopes écrasées dans les cendars en terre. Les meubles étaient pleins de merveilles amassées à droite et à gauche dans ma vie de débauche où j'allais de train en car et je marchais toujours, je marchais, longues heures d'écriture et de chants, de fantasmes sensuels et de sommeil dans la lumière du matin ondulant parmi les feuilles d'arbres.
Dans ce lit mes amours imaginaires
Ont pris toutes sortes de plaisirs
J'écrivais mes délires et jouissais
Dans la lumière du matin.
A goûter trop souvent à la satisfaction
J'en ressortais frustré et posais pied à terre
Pour reprendre mon trip avec résignation
Exagérant toujours les envies de mes pairs.
Dans les litres de thé, curiosité perverse
Abandonné au vice des marchands de luxure
Je buvais ma jeunesse et nourrissait mes cures
De sexualité brute en râlant à la tierce.
J'ai retiré les draps.